Mme Riccoboni ne s'en laissait pas compter
Une lecture, encore une : Histoire de M. le marquis de Cressy de Mme Riccoboni. Si vous ne le connaissez pas lisez le ça, vaut le détour. Ce court roman lui a attiré les foudres de Mme de Genlis, car Mme Riccoboni fait se suicider un des personnages. A l’époque cela irrite encore, les valeurs catholiques plutôt prégnantes le souffrent assez mal. Cela dit c’est encore une preuve des volontés contestataires de Mme de Riccoboni, car non seulement c’est un suicide mais en plus c’est celui d’une femme. Et il faut bien dire qu’à ce moment là on n’avait pas bien l’habitude de voir les femmes décider de quoi que ce soit et certainement pas de leur droit à vivre ou mourir. Tout au plus pouvaient- elles insister pour entrer dans les ordres. Mais ce qui est curieux autant que réjouissant c’est que malgré cette incartade notoire, son roman a été apprécié et très lu. Jean François de la Harpe a même écrit que c’était le texte qu’il préférait de Mme Riccoboni. On sait également que ses romans figuraient en troisième place dans les bibliothèques privées du XVIIIème siècle. La légende colportée par Sainte-Beuve veut aussi, et cela ne manque pas de sel, que Marie Antoinette aie fait relier les œuvres de Mme Riccoboni sous forme de livres de prières pour pouvoir les lire à la messe. Quelle paroissienne !